Winston & Lawrence

Dimanche soir arrivait, le soleil avait brillé toute la journée. Du moins, c'était ce que tu avais vu par ta fenêtre lorsque tu étais sortie de ton laboratoire pour aller chercher à manger. Tu avais passé la journée à l'intérieur à fabriquer de nouveaux produits pour Duchesse. Tu avais terminé ton après-midi avec un thé et un livre de cours. Tu avais pris une douche, t'étais préparée tranquillement. L'heure tournait rapidement et tu savais que tu devrais quitter son nid douillet bientôt. C'était dimanche, tu avais une tradition ce soir-là. Tu allais voir Winston à sa hutte, tu tenais à t'assurer que tout se passait bien pour lui. Tu aurais voulu pouvoir être à ses côtés plus souvent, mais avec ton boulot et l'université, ce n'était pas possible. Tu avais donc ton appartement, Winston avait sa hutte, Andrew et Alaska vivaient chez maman.

J'enfilais un jeans, un t-shirt et par dessus un gros pull bien chaud. Autour de mon cou j'ajoutais une écharpe bleue comme mes yeux, puis un bonnet noir. Je n'avais pas envie de me faire réprimander par Winston de ne pas être assez habillée pour la saison. Je sortais de mon appartement, le verrouillais à clefs, puis descendait jusqu'à l'extérieur. Je prenais mon vélo et quittait Joplin's town pour me diriger en campagne. La balade à vélo jusqu'à chez Winston prenait une bonne demi-heure, mais cela ne me dérangeais pas du tout. J'arrivais dans son coin, je débarquais de mon vélo en arrivant devant la hutte. Je profitais de l'air dans mes poumons, je n'avais pas encore allumé une seule cigarette depuis que j'étais sortie de la douche, car je savais que l'odeur dérangeait Winston.

J'entrais sans cogner, il savait déjà que j'arriverais bientôt. J'entendais son corps rejeter son dernier repas. J'eux mal un instant d'entendre mon aîné se battre avec ses démons. J'étais en retard comparé à mon habitude, il avait eux le temps surement de remuer le passé dans sa tête. Il essuya sa bouche rapidement, il m'avait entendu. Son large sourire et ses bras ouvert vers moi. Je ne pouvais pas résister à cet appel. Je le serrais contre moi, j'avais mal pour lui. Comment pouvait-il faire semblant que tout allait si bien quand ce n'était pas le cas? Je ne comprenais pas comment mon frère pouvait faire. Moi j'en étais incapable. La preuve; je me défonçais sur les antidépresseurs.  Comme quoi les médicaments qu'on me prescrivait n'étaient pas assez pour créer une illusion de bonheur. Je savais que la dose était mal ajusté, mais si on réglait ce problème, je ne pourrais plus consommer comme je le voudrais. Je le laissais me serrer, ignorant l'haleine horrible de vomi qui s'émanait de lui.  Il me regarda ensuite, m'offrais du thé et des cookies. Rajoutant qu'il savait que j'allais venir, je l'espérais bien: Depuis la mort de papa, je passais tout mes dimanches soirs avec lui.

Il me fit un clin d'oeil, nous retournions dans la hutte et il mit de l'eau sur le feu.  Winston m'impressionnait. Il avait ce don de toujours sembler heureux, malgré tout ce qui nous était arrivé. Je le regardais mettre de l'eau sur le feu. Je prenais place sur un coussin qui trainait, comme à tout les dimanches. Avant de demander:

«Alors quoi de neuf? Ça a été ta semaine?»

Winston & Lawrence

L'océan a perdu sa teinte céruléenne qu'il abordait auparavant. Ses vagues frappent aujourd'hui plus fort, le courant ne nous emporte plus par la gauche, mais maintenant à droite. J'avais besoin de Winston auprès de moi. Je devais le savoir à porter de main. J'étais une bombe à retardement. Un jour, sans aucune incertitude, j'exploserais et tout sur mon passage éclatera avec moi. Mon univers s'écroulera  et je serais perdue à tout jamais. Winston était la raison pour laquelle je pouvais contenir la détonation. Le voir se battre pour être heureux me permettait de croire à une possibilité; celle de supposer que le bonheur était réel et qu'il était atteignable . Sentir son corps se serrer contre moi retardait encore un peu ce moment où je serais égarée pour toujours. Je refusais de disparaitre, parce que lui il était encore-là. Je ne pouvais pas le faire souffrir comme mon père l'avait fait.

Je le regardais mettre l'eau au feu, attraper une feuille de menthe et la mâcher de façon subtil. Il souhaitait se faire croire que je n'avais rien vu. Pourtant, rien ne m'avait échappé. Je pourrais faire comme si c'était le cas, je savais que cela lui ferait plaisir. Le plat de biscuits arriva sous mes yeux, je souris et pris un de ceux-ci dans ma main. L'odeur emplissait la pièce, ils étaient frais et je souris à mon aîné. Cet amour que Winston avait pour chacun d'entre nous était infini. J'aurais aimée pouvoir être comme lui, mais j'en étais incapable. Je portais le biscuit à ma bouche tout en l'écoutant. Il se racla la gorge avant de répondre à ma question. Il m'avoua avoir rencontré une jolie rousse, je souris en l'écoutant me raconter ses histoires absurdes  qui ne pouvaient arriver qu'à lui. Son rire nerveux me tendit la puce pour m'informer que l'histoire de sa rencontre s'apprêtait à devenir encore plus saugrenue et que cette fille était surement magnifique aux yeux de mon frère.  Le moment où les bouteilles de lubrifiant avaient du se renverser sur elle avait certainement été magique et j'aurais aimé pouvoir y assister. Simplement d'écouter Winst' te raconter tout cela te fit rire. Tu ne riais pas vraiment de lui, tu riais de ses péripéties rigolotes. Ce fut le moment après qui fit redoubler tes rires. Effectivement, ce genre d'aventures n'arrivaient qu'à ton frère. Sa maladresse faisait partie des choses qui étaient adorables chez lui et qui plaisait aux gens.

Il me tendais une tasse que je pris, lui souriant. Il n'y avait qu'avec lui que la joie et le bonheur était réel et intense. Ma soirée du dimanche dans sa hutte était ma dose hebdomadaire de rigolade.  Je terminais ma galette en le regardant. Il me demanda ce qu'il y avait de neuf dans ma vie. Je redevins sérieuse. Parfois, j'aurais aimé pouvoir lui dire ce qui se passait réellement dans ma vie, lui parler de Duchesse, du trafic de drogue et de la création de la molly que j'élaborais seule dans mon laboratoire. Néanmoins, je savais qu'il était impossible d'aborder ce sujet avec lui. Je devais garder ce secret pour moi. Il me regardait avec intérêt, pourtant chaque semaine je lui invitais des aventures ennuyante d'universitaire normale. Il se pinça la lèvre avant de me demander s'il y avait quelqu'un dans ma vie un sourire aux lèvres. Je regardais mon aîné avant de répondre:

«Oh tu sais, il se passe pas grand chose...Je suis beaucoup trop occupée au laboratoire de la faculté pour avoir le temps de voir qui que se soit.»

C'était un demi-mensonge. Un petit mensonge blanc qui ne pouvait blesser personne. Oui, j'étais occupée au laboratoire, mais je voyais bien quelques garçons et quelques filles parfois. C'était de peu d'importance cependant. Aucun d'entre eux n'aurait à rencontrer Winston ou le reste de ma famille. Ils n'étaient pas assez importants à mes yeux pour cela. Je souris et regardait mon frère avant de manger un autre cookie.